Le calme avant la tempête

Un petit coup de volant par ici et un coup de volant par là, hop là. Il arrive chez lui, dans sa petite maison avec une grande verdure à perte de vue. Il en profite pour vérifier si ses animaux vont bien et qu’ils ont tout ce qu’il faut. Normalement Ed n’a pas à faire quoi ce que ce soit vu qu’il a tout fait ce matin. Il peut donc entrer dans la maison, qui a la porte ouverte: signe que Maggy est entrée chez lui. Il dépose les clefs sur l’assiette à l’entrée, balance la veste sur le fauteuil, garde les chaussures parce que galère à retirer, flemme surtout.

Il n’a pas particulièrement fait de bruit, mais il remarque vite que Maggy dort. Non ? Elle dort ? Il penche la tête pour l’observer attentivement, les mains dans les poches. Il peut observer distinctement les traits de cette mairesse avec qui il apprécie passer du temps avec. Il finit par sourire avant de prendre la distance, il ne va pas la réveiller comme ça, elle a besoin de dormir et d’avoir un peu de paix. Elle avait l’air troublée par message… Enfin bon, il s’en va dans la cuisine se préparer un café qui va lui faire du bien (spoiler: non). Le bruit va probablement la réveiller, ou l’odeur, allez savoir… Elle est comme chez elle ici.

Il suspend ses gestes en entendant son surnom et fronce du nez quand il réalise que Maggy s’est réveillée. Bon, est-ce que c’est une tentative désespérée de sa part à vouloir faire en sorte que leurs surnoms se terminent en y ou bien ? « Oui je suis là Mag’ » Eh puis toc. Il sait qu’elle n’aime pas qu’il l’appelle comme ça, parce que ça fait abréviation d’un magazine, donc forcément…

Il prend les deux tasses et attend que la machine fasse ce qu’il faut faire, tout en cherchant après du sucre. « Salut. » marmonne-t-il alors qu’il se penche juste pour récupérer le pot. « Et t’inquiète, ce n’est pas tous les jours que tu prends du temps pour toi et le repos, t’en as besoin. » Surtout avec ce qui l’attend le lendemain… Il verse du sucre dans sa tasse vide et ne le fait pas pour Maggy qui n’en a pas besoin. Il l’écoute attentivement expliquer ses craintes et puis, elle demande au final comment il va. Il hausse les épaules. « Ça va, je patauge dans certaines affaires comme d’habitude, mais je vais finir par trouver la réponse… » Il lui tend la tasse de café qu’il vient de remplir avant de remplir la sienne. « Et tu sais que ton frère, il n’a rien à dire sur les choix que tu fais de ta vie, c’est ta vie, tu fais ce que tu veux… Ce n’est pas ton père quoi. » Sur ces mots, il se met à boire une gorgée de son café, un peu trop brûlant…

Il hausse les sourcils et sourit quand elle lui renvoie la même remarque: il a besoin du repos avec tout le travail qu’il fait. « Oui, mais moi j’ai mes week-end. » C’est vrai qu’il se repose beaucoup les week-end et qu’il ne travaille pas, sauf quand on l’appelle pour une grosse urgence, mais ça n’arrive pas souvent ces derniers mois… Alors oui, il savoure. Ed ronchonne sur les affaires et bien sûr, Maggy en profite pour proposer son aide. « C’est toi qui ne veux plus de moi, avec tout ton travail monstrueux en tant que mairesse… Tu ne passes plus au poste, mais heureusement que tu viens à la maison ! » Il dit ça sous le ton de la plaisanterie, mais en vrai, ça l’aurait emmerdé de ne plus la voir aussi souvent que ça. C’est vraiment une aubaine qu’ils soient voisins tous les deux…! « Sinon, c’est une affaire d’une personne qui s’est fait voler tout son argent, y a aucune trace de hacking, l’employée de la banque confirme d’avoir vu la victime, les caméras le confirment et la victime insiste que ce n’était pas elle… Une caméra dans un diner, à la même heure le prouve, il était en train de prendre son déjeuner. » Un gros bug ? Non, les témoins sont formels, ils ont bien vu la même personne, à deux endroits différents… Il souffle dans son café avant de boire une autre gorgée, appuyé contre le plan du travail de la cuisine. « S’il n’a pas non plus envie de te perdre, il va devoir s’y faire avec ton choix, parce qu’il est de toute évidence pris. » Aussi simple que 2+2 pour Ed’. Il sourit légèrement et hausse les épaules à Maggy « De rien, cette fois-ci je ne l’ai pas fait trop amer comme la dernière fois… Tu veux qu’on retourne au salon ? » Ce serait plus confortable…

« Hein ?! » Alors là oui, il est très surpris, parce qu’il ne s’y attendait pas du tout. D’où le projet de verdure de Maggy a été annulé ?! Il ne comprend pas parce que tout semblait bien se passer, tout le monde était partant et… « Qu’est-ce qui a changé ?? » Et le pire ? C’est que ce n’est pas la première fois que cela arrive, ça a le don d’exaspérer Ed’ dans le fond, elle travaille d’arrache-pied pour au final quoi ? Rien.

Ed sourit et lève la tasse de café en direction de Maggy. « C’est quand tu veux pour la tasse tu le sais. Mais je doute que je n’ai que ça comme qualité… » Il faut dire qu’il n’est pas totalement aveugle, il sait qu’elle l’apprécie bien, tout comme il l’apprécie bien. En vrai, ils s’en doutent probablement tous les deux, mais voilà, ils n’osent pas faire le premier pas. L’écart d’âge est trop énorme et puis, il a toujours la mémoire de son ex-femme disparue du jour au lendemain…

Il explique son affaire cassé-tête et les questions de Maggy l’étonne, au point qu’il en fronce les sourcils… « Non je n’apporte jamais rien du travail ici… Mais sinon oui, on voit la tête de la victime, tu sais que les caméras dans la banque sont en 8K et l’employé n’a pas vu les caméras du tout avant d’être interrogé. Je l’ai interrogé, avant d’accéder aux caméras en sa présence… » Il voit qu’elle est quand même en pleine inquiétude, en train de se demander si elle fait vraiment le bon choix. C’est pour ça qu’il a préféré qu’ils aillent au salon pour en discuter tout calmement ensemble là. Il s’installe sur son fauteuil et pose les pieds sur la table basse, malgré la présence des chaussures dessus. « Beh, au début pas trop. J’étais content en fait, trop content jusqu’au jour où je me suis retrouvé à devoir gérer ses pleurs la nuit, à changer ses couches… Là, devant le fait, j’ai commencé sérieusement à paniquer…. » Il lâche un gros soupir, faisant les gros yeux, passant la main dans la barbe. Ça fait tout drôle de revenir dans le passé, surtout que ça fait beaucoup d’années depuis. « j’avais 0 modèle moi non plus hein, j’ai eu un oncle qui était à la fois mon père et ma mère et il était alcoolique. Pas le meilleur exemple en éducation. Je me suis démerdé au feeling quoi, tu te fais confiance à toi-même et tu t’affirmes. Les autres, ton frère, ton père, tu les emmerdes. Les conseils non sollicités aussi, tu les emmerdes. Tu fais ce que tu peux et tu lui donnes de l’amour, c’est suffisant. » Il fronce du nez et secoue la tête, ça ne lui va pas de donner des conseils comme ça en vrai…

Ed soupire et lève les yeux au ciel, l’argent, encore et encore de l’argent, qu’est-ce qu’il en a marre de l’argent là lui. « Tu ne fais pas de la merde, crois-moi. J’en ai vu des maires, je te préfère de loin parce que tu es plus à l’écoute de tout le monde et pas une corrompue ou obsédée par l’argent. Si le projet est annulé à cause des investisseurs, tu n’as qu’à impliquer les habitants qui sont au courant de ce projet et ils peuvent manifester, je sais pas moi pour protester cette suppression du projet. » Oui, il s’inspire des français et leurs manifestations, grèves à répétition, ça forge quand même le respect d’un point de vue international…!

Il sourit amusé avant de se mordre intérieurement la joue quand elle lui dit qu’il a quand même d’autres qualités, mais voilà, la chipie refuse de lui détailler qu’ils passent déjà à autre chose, pour aller dans le salon. « Pffff ! » Il souffle, assez énervé par la prise de tête et les noeuds que l’enquête lui donne là… « Je regarde déjà les caméras de la rue, parce qu’on a réussi à le suivre pour au final le perdre en pleine rue. » C’est vraiment impressionnant. « C’est comme si j’avais affaire à un caméléon, capable de changer de visage… » Et ce ne serait pas la première fois d’ailleurs, quand il y repense. Il y a eu une affaire d’il y a trois ans, du même genre, le même mode opératoire. « Urgh, tu me fais travailler d’ailleurs là. On arrête d’en parler. » Allez hop, ouste le travail.

« Ah la chance. » Il ricane et boit son café. Elle aurait besoin de lui, pour aller chercher Jason, il hausse les épaules, pas gêné par cette demande. « Bien sûr, je t’accompagnerai, si tu veux, je conduirais. Promis, j’éviterais le mode fast and furious.  » Oui parce que sa conduite est pas toujours délicate quand même, mais bon… Il fronce les sourcils alors qu’il se gratte la barbe. « Bah démissionne du poste de maire si tu veux retrouver l’anonymat. Personne ne t’en voudra. » Il a toujours des solutions simples Ed, mais il ne se rend pas compte que ça peut être trop compliqué pour Maggy. Mais il voit bien que ça la pèse tout ça quand même…